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Je ne suis pas fait pour les actions héroïques. J’aime les êtres qui ont un cœur comme le nôtre, qui sont faits d’espérances et d’illusions, qui ont des élans de joie et des heures de mélancolie, qui pleurent sans hurler et souffrent avec une amertume toute intérieure.
— PUCCINI

Émouvant : « Un bel dì vedremo »

« Un bel dì vedremo », air le plus célèbre de Madama Butterfly, revient souvent dans les classements des airs d’opéra inoubliables.

« (…) Un jour, nous verrons se lever un filet de fumée aux extrêmes confins de la mer. Et le navire apparaîtra, le navire blanc. Puis il entrera dans le port, son salut résonnera. Tu vois ? Il est venu ! Je ne descendrai pas à sa rencontre. Non. Je me mettrai là, au sommet de la colline et cette longue attente ne me pèsera pas. (…) »

Inoubliable, pourquoi ? Parce que d’une infinie beauté, d’une profonde et puissante tristesse, d’une musicalité bouleversante de mélancolie : Butterfly s’adresse à sa servante Suzuki et imagine le retour de cet officier américain, Pinkerton, dont elle est tombée éperdument amoureuse.

Grandiose : le Japon en musique

 

Quand le Japon s’invite dans la musique de Puccini, le compositeur se donne une fois encore les moyens d’atteindre cette authenticité musicale: il se renseigne sur les caractéristiques de la musique japonaise ; écoute bon nombre d’enregistrements en provenance de Tokyo ; étudie des transcriptions de mélodies originales et demande de l’aide à l’épouse de l’ambassadeur du Japon en Italie.

Conçu comme un même grand air, cet opéra est d’une modernité rare. Sa partition est tissée de nuances orchestrales qui recréent la musique japonaise : Puccini se sert d’airs japonais existants ou utilise le mode pentatonique (un système pentatonique est une échelle constituée de 5 hauteurs de son différentes et est la base des musiques asiatiques) pour créer des airs qui « sonnent » japonais, exploitant des sonorités nouvelles, des cloches et des gongs.

 

 

Si Madama Butterfly est l’un des cinq opéras les plus joués au XXe siècle, aucune représentation n’est donnée aux Etats-Unis durant la Seconde Guerre mondiale. Les programmateurs jugent alors cet opéra trop négatif pour l’image du pays, en pleine guerre contre le Japon.

 

Un coup de foudre

En voyage en Angleterre où il promotionne sa Tosca, Puccini assiste, en juin 1900, au Duke of York’s Theater à Londres, à une pièce nommée Madame Butterfly, a Tragedy of Japan (drame de David Belasco, inspiré du récit de John Luther Long). Puccini n’entend pas grand-chose à la langue de Shakespeare mais est immédiatement touché par cette histoire envoûtante et par la profondeur mélancolique et tragique des personnages, en particulièrement celui de Butterfly dans lequel il se retrouve un peu. Dès sa sortie de salle, il supplie Belasco de lui céder les droits de la pièce. Ce dernier ne se fait pas prier et dira plus tard : « J’acceptai aussitôt (…) car il n’est pas permis de discuter avec un Italien impulsif qui a les larmes aux yeux et les deux bras autour de votre cou. ». Puccini se met alors immédiatement au travail, avec ses librettistes Illica et Giacosa, pour créer leur Butterfly.

Madama Butterfly est inspirée d’une histoire vraie, celle d’une jeune fille de maison de thé, appelée Chō-san, ou Miss Butterfly, et qui vivait à Nagasaki en 1892.

 

Avant/Après

« Vous allez voir, à la fin je gagnerai ! », sont les quelques mots prononcés par Puccini au lendemain de l’échec cuisant essuyé lors de la première à La Scala en février 1904. Le public hue, la presse l’assassine. Coup d’un éditeur rival ? Puccini ne se démonte pas et se remet au travail, retouche son œuvre. La plus grande modification est de rééquilibrer l’opéra en trois actes, selon les conseils de ses librettistes. Présentée quelques mois plus tard au Teatro Grande de Brescia, le triomphe est absolu ! Madama Butterfly part alors faire le tour du monde.

 

MADAMA BUTTERFLY (PUCCINI)

Sous la baguette de Speranza Scappucci, dans une mise en scène de Stefano Mazzonis di Pralafera, avec Svetlana Aksenova, Yasko Sato, Alexey Dolgov, Dominick Chenes, Mario Cassi, Sabina Willeit, Saverio Fiore, Alexise Yerna, Luca Dall’Amico et Patrick Delcour. 

🗓 Du 13 au 28 SEPT. 2019

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