Spectacle

Focus spectacle : Alzira de Verdi

Pas mal d’opéras de Verdi comme Nabucco, La Traviata, Rigoletto… ont marqué les esprits, leur époque et continuent de faire battre les cœurs. Et puis, il y en a d’autres : les méconnus, les rares, les oubliés parce que, peut-être, au travers d’une production extrêmement foisonnante, noyés au cœur des succès du Maître, ils ne sont pas parvenus à tirer leur épingle du jeu. Toutefois, le génie de Verdi s’y exprime aussi avec force. Focus sur Alzira !

Verdi-Naples-Cammarano

À l’âge de 31 ans, Verdi semble bien installé, fort du succès retentissant de Nabucco en 1842 et des opéras qui le suivent. Submergé par le travail, il compose à un rythme effréné : quatre ouvrages en seulement 18 mois ! C’est ce qu’il appellera « ses années de galère ». Mais cela ne l’arrête pas. Après avoir fait battre les cœurs à Venise, Milan et Rome, le compositeur part à la conquête d’un autre grand Théâtre.

Après le succès d’Ernani à Venise, c’est le Teatro di San Carlo de Naples qui lui fait les yeux doux et lui commande, en 1844, deux compositions : Alzira et Luisa Miller. Il travaille à cette occasion pour la première fois avec l’homme de théâtre, dramaturge et poète Salvatore Cammarano, librettiste attitré du San Carlo, favori de Donizetti et reconnu notamment pour sa prose flamboyante.

Inspiré de la tragédie Alzire, ou les Américains de Voltaire, le livret de Cammarano laisse davantage de côté la portée philosophique et engagée de l’œuvre, préférant se concentrer sur le triangle amoureux, et esquissant à peine le sujet de la différence culturelle et religieuse.

Une musique sans fard

Alzira a souvent été jugée avec dédain, voire décriée par certains au regard d’une forme de simplicité principalement due au livret. Toutefois, la composition de Verdi reste un travail minutieux comme en témoignent, entre autres, l’ouverture, les envolées des chœurs ou encore le lyrisme radieux d’Alzira dans « Quando, in sen d’un’ombra errante » qui ouvre la deuxième scène du premier acte.

Organisée en deux parties, l’ouverture d’Alzira pourrait apparaître comme un peu atypique dans l’écriture musicale verdienne. Sa première partie résonne telle un scherzo mendelssohnien et n’est pas sans rappeler l’esprit des Feux follets de Berlioz. Quant à la seconde, plus martiale, elle fait écho à sa Giovanna d’Arco, composée six mois plus tôt.

Ecrite d’une traite, alors que les répétitions ont déjà commencé, la partition de cette ouverture fait montre d’une belle inventivité. Le peu de corrections dont elle a fait l’objet apporte une touche de fraîcheur et de spontanéité à la composition qui présente des qualités musicales sous une forme peut-être d’autant plus pure.