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Qu’ils soient Espagnols ou qu’ils aient succombé aux charmes du pays de Cervantès, les compositeurs mis à l’honneur à l’occasion de ce concert partagent le désir de renouveler le langage musical ce qui, paradoxalement, passe par l’exploration de formes anciennes glanées lors de voyages ou d’études folkloriques. Entre joie et nostalgie, entre récits chevaleresques et danses traditionnelles, Pablo González et Pierre Doyen exploreront avec vous un programme aux couleurs et aux ambiances contrastées, tantôt chaleureuses et souvent jubilatoires.

Emmanuel CHABRIER : España

Dans Mes souvenirs d’enfant paresseux, Ravel écrit : « J’ai surtout été marqué par un musicien : Chabrier, à qui, aussi bien, on ne donne pas encore la place qu’il mérite, car c’est de lui que toute la musique moderne française est partie ». En effet, en pleine période wagnérienne, Chabrier assume un style résolument français, empreint d’humour, de sensibilité et d’ironie. Au retour d’un séjour en Espagne, à l’automne 1882, enchanté par la musique espagnole et andalouse, il compose España. Après une courte introduction où les pizzicati des cordes évoquent la guitare, la pièce se construit à partir de deux thèmes qui rappellent la jota et la malaguña, deux danses espagnoles. Roland Petit utilisera d’ailleurs la musique de Chabrier pour son ballet éponyme en 1961.

Maurice RAVEL : Trois poèmes sur Don Quichotte à Dulcinée, pour Baryton avec accompagnement d’orchestre

Plus espagnol que Manuel de Falla selon Jankélévitch, Ravel a saisi la richesse de l’Espagne comme personne : « […] la baudelairienne indolence de la Vocalise havanaise, la nostalgie populaire de la Chanson espagnole, l’obsession du Boléro, la fantaisie libertine de L’Heure espagnole et, dans Don Quichotte à Dulcinée, l’Espagne courtoise, batailleuse et galante du XVIIe siècle… » (V. Jankélévitch). Rien d’étonnant, du reste, quand on se souvient des origines basques du compositeur. L’œuvre met en musique trois poèmes de Paul Morand, rendant ainsi hommage au célèbre héros de Cervantès.

  • “Chanson romanesque”

Don Quichotte chante son amour à Dulcinée. Rien n’est trop beau pour gagner l’amour de la belle fantasmée, pas même la vie du gentilhomme de la Manche…

  • “Chanson épique”

Invoquant Saint-Georges et Saint-Michel, Don Quichotte chante la pureté et la piété de Dulcinée qu’il compare à la Vierge.

  • “Chanson à boire”

Défiant le bâtard et le jaloux, deux tristes sires qui pourraient détourner Dulcinée de son amant, Don Quichotte chante la joie.

Jules MASSENET : Don Quichotte

 Le dernier opéra de Massenet est l’occasion d’une double innovation pour le compositeur. D’une part, la surabondance de sentimentalisme dont on taxe parfois ses autres opéras n’a pas sa place ici. D’autre part, l’exotisme espagnol est l’occasion d’exploiter un langage musical encore inédit dans son œuvre. En effet, en contrariant la rythmique, en recourant à des harmonies inhabituelles, voire même en sortant des modes majeur ou mineur, Massenet parvient à nous dépayser.

  • Interlude de l’Acte III

Cet interlude reprend la mélodie de la Sérénade de Don Quichotte au premier acte. Le cor anglais – doublé à l’octave par la clarinette – évoque traditionnellement la nostalgie.

  • Interlude de l’Acte V

Précédant de peu la mort de Don Quichotte, cet interlude s’ouvre sur quelques mesures graves, évoquant une prière. Un beau solo de violoncelle reprend ensuite l’air de Dulcinée entendu à l’acte précédent.

Jacques IBERT : Quatre chansons de Don Quichotte

 Lorsque Ravel composa ses Trois poèmes sur Don Quichotte à Dulcinée pour le film de Pabst, il ignorait que la même commande avait été passée à plusieurs compositeurs en vue de permettre une sélection. Ce sont finalement les Quatre chansons de Don Quichotte de Jacques Ibert – Grand prix de Rome et directeur de la Villa  Médicis – qui furent retenues. Ibert avait l’habitude de travailler pour le cinéma puisqu’il a composé une quarantaine de bandes originales, dont la musique du Macbeth d’Orson Welles.

  • “Chanson du départ”

L’auteur de ce poème, Pierre de Ronsard, n’a pas connu l’œuvre de Cervantès. L’évocation de l’univers chevaleresque est peut-être ce qui a poussé Don Quichotte à entreprendre son périple.

  • “Chanson à Dulcinée”

Contemporain d’Ibert, Alexandre Arnoux a écrit les trois poèmes suivants. Don Quichotte chante son amour : « Un an me dure la journée si je ne vois ma Dulcinée ».

  • “Chanson du Duc”

Don Quichotte chante la pureté de sa Dame et se remémore les hautes aventures qu’il a entreprises pour lui rendre hommage, allant jusqu’à « ployer l’univers ».

  • “Chanson de la Mort”

Don Quichotte rejoint le lieu où tout ce qu’il a désiré s’accomplit, « où tout est pur et sans mensonges » : la mort. Un ultime élan de lucidité lui ouvre les yeux sur les paradoxes de son existence.

Manuel de Falla : El Sombrero de tres picosSuites n°1 et n°2

Andalou par son père et catalan par sa mère, Manuel de Falla a combiné comme personne folklore espagnol, ancienne musique religieuse et formes classiques. Commandé par Diaghilev pour les Ballets russes, El Sombrero de tres picos (ou, en français, Le Tricorne) est un ballet en un acte inspiré de la nouvelle éponyme de Pedro de Alarcón dont les décors et costumes furent créés par Picasso. Cette pièce allie magnifiquement classicisme et folklore espagnol. Les motifs de plusieurs danses populaires y sont exploités, les faisant ainsi passer dans le « grand répertoire » chorégraphique.