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Retour aux newsEn octobre 2020, Guillaume Tourniaire se produisait pour la première fois sur notre scène, dirigeant Hamlet d’Ambroise Thomas dans la spectaculaire mise en scène de Cyril Teste. Hélas, la crise sanitaire nous força à annuler cette production juste à l’issue de la générale…
Aujourd’hui, c’est avec un programme articulé autour d’Hamlet que le Maestro nous revient pour ce concert : une belle manière de profiter, par le biais de la retransmission en streaming, d’une partie du travail effectué autour de ce petit bijou d’opéra français. Le Maestro présentera également une sélection d’airs et scènes de l’opéra romantique français, au travers d’œuvres de Bizet, Massenet et Adam.
AMBROISE THOMAS | Hamlet
Après plusieurs échecs qui le poussèrent à se tourner vers l’opéra-comique, Ambroise Thomas ambitionne de renouer avec le Grand opéra et, ainsi, d’assurer sa consécration. Il ne mettra pas moins de huit années à composer son Hamlet en se pliant aux nombreuses contraintes imposées par l’Opéra de Paris. À la création en 1868, le succès est total, si bien que Thomas se verra offrir la direction du Conservatoire. Conforme aux prescriptions officielles, l’œuvre n’en est pas moins novatrice : Thomas y intègre, par exemple, le premier solo pour saxophone du répertoire lyrique.
• Prélude
Le roulis des timbales, les grandes montées en crescendo des cordes et les traits de cuivres installent une vive tension, renvoyant peut-être au meurtre du père d’Hamlet sur lequel se bâtit l’intrigue.
• Récitatif et duo : « Vains regrets ! »
Alors que sa mère s’apprête à épouser Claudius, le frère de son époux assassiné deux mois auparavant, Hamlet chante sa rancœur envers l’inconstance féminine. Ophélie, son épouse, le rappelle heureusement à la raison…
• Chanson bachique : « Ah ! Pour nous mon Seigneur, quel honneur ! »
Au cours d’un festin, Hamlet invite une troupe de comédiens à jouer une pièce sur l’assassinat d’un roi, espérant ainsi confondre Claudius. Il s’enivre avec les acteurs avant leur prestation.
• Entracte de l’acte III
À la fin de l’acte II, la colère de Claudius à la vue de la pièce de théâtre a conforté Hamlet : il est l’assassin de son père. Cet entracte exprime la soif de vengeance qui ronge désormais Hamlet.
• Monologue d’Hamlet : « Être ou ne pas être »
Ressassant sa colère, Hamlet médite : le repos éternel de la mort et les retrouvailles avec un père tant aimé ne valent-ils pas mieux qu’une vie parmi les infâmes ? « Être ou ne pas être… »
• Entracte de l’acte IV
Marquant une rupture nette avec la fin tragique de l’acte III où le spectre de son père apparaît à Hamlet, cet entracte introduit une parenthèse d’apparence bucolique et légère. Un solo de clarinette chante l’éveil de la nature.
• Scène et air d’Ophélie : « Mais quelle est cette belle et jeune demoiselle ? »
Repoussée par Hamlet, Ophélie divague. Elle erre dans la campagne et se joint à une fête villageoise. Emportée par son air virtuose, elle perd pied et se noie.
JULES MASSENET | Werther
Librement inspiré du célèbre roman de Goethe, le Werther de Massenet explore les passions les plus extrêmes de l’Homme romantique pour lequel « l’amour seul est vrai car c’est le mot divin » (Werther, acte III). Épris de Charlotte qui, fiancée puis mariée à Albert, ne peut se résoudre à lui avouer son amour, le jeune Werther trouvera l’apaisement dans la mort. La musique de Massenet est ici d’une expressivité rarement égalée, à tel point que – malgré le succès rencontré auprès du public dès la création de l’œuvre – Debussy y verra « une curieuse maîtrise à satisfaire toutes les niaiseries et le besoin poétique et lyrique des dilettantes à bon marché ! ».
• Prélude
Ce Prélude articule deux thèmes que l’on retrouvera tout au long de l’opéra : celui de l’amour passionné (en mode mineur) et celui du calme de la nature (en mode majeur).
• Air de Werther : « Je ne sais si je veille… O Nature… »
Dès sa première apparition, Werther chante un éloge mystique à la Nature, « Mère éternellement jeune, adorable et pure ». Source de vie, c’est aussi à elle qu’il retournera.
• Air de Sophie et trio : « Frères ! Voyez ! … »
Sophie, sœur cadette de Charlotte, est d’emblée présentée comme le possible point d’apaisement entre Werther et son rival. Néanmoins, c’est en vain que Werther tentera d’oublier Charlotte.
• Air de Werther : « Pourquoi me réveiller… »
Werther lit les vers d’Ossian qu’il a commencé à traduire et qui, à eux seuls, synthétisent son destin : « Ils ne trouveront plus que deuil et que misère ! ».
GEORGES BIZET | Les Pêcheurs de perles
Sur l’île de Ceylan, les pêcheurs de perles choisissent Zurga comme chef. Celui-ci et Nadir, son ami d’enfance, nourrissent un amour commun pour Leïla, la déesse de Candi. À l’instar de Carmen et de Djamileh, un exotisme largement fantasmé permet de traiter de sujets universels : amitié, trahison, amour et pardon. Certainement inspiré par la musique de Gounod, Verdi, Meyerbeer ou encore Halévy, Bizet offre une partition subtile et contrastée où la musique s’articule au livret pour en révéler un sens plus profond que seule l’interprétation musicale permet de mettre au jour.
• Duo Zurga-Nadir : « Au fond du temple saint »
Ce duo – sans doute l’un des plus connus du répertoire – reprend l’articulation des passions à l’œuvre dans l’opéra : l’amitié est plus forte que la haine suscitée par la rivalité amoureuse.
• Entracte de l’acte III
Par ses rythmes pointés, sa tonalité sombre et l’évocation de l’orage, cet entracte concrétise la fureur de Zurga à la fin de l’acte II lorsqu’il découvre l’amour que se portent Nadir et Leïla : « Nous jurons de punir leur amour sacrilège ! ».
• Récit et air de Zurga : « L’orage s’est calmé »
Dans cet air tourmenté, Zurga est déchiré entre haine, amour et amitié. S’il implore le pardon de ses victimes, il se refuse pourtant à leur accorder le sien.
ADOLPHE ADAM | Le Toréador
• Trio : « Ah ! Vous dirais-je maman »
Créé à l’Opéra Comique en 1849, Le Toréador ou l’Accord parfait met en scène une ancienne chanteuse de l’Opéra de Paris mariée à un toréador à la retraite. Le couple bat de l’aile et les quiproquos et scènes burlesques gagnèrent la faveur du public de l’époque, sans que la fin de l’œuvre qui fait l’apologie du ménage à trois (« Peut-on vivre sans amant ? ») ne pose de problème. Les variations du trio – Coraline la chanteuse, Don Belflor le toréador et Tracolin l’amant de Coraline – sur la célèbre comptine connurent un vif succès.