fr

Dans une lettre ouverte au Premier ministre, notre Directeur Général, Stefano Mazzonis di Pralafera, demande que le monde culturel ne soit plus invisibilisé par les communications gouvernementales et réclame des perspectives claires quant à la reprise d’activité dans ce secteur culturel qui représente 5 % du PIB de la Belgique.

 

Monsieur le Premier Ministre,

Permettez-moi de vous faire part de mon grand chagrin suite à votre récente conférence de presse sur les « mesures Covid ».

Ce vendredi 27 novembre, comme la plupart des résidents belges, le monde culturel assistait à la communication du Comité de concertation. Artistes, musiciens, techniciens, exploitants de salles d’opéra, de théâtre, de concert ou de cinéma, et une multitude d’autres travailleurs du secteur des arts de la scène attendaient de votre part des perspectives quant à la possible reprise de leurs activités.

Las : notre secteur n’a tout simplement pas été mentionné !

Si les musées ont reçu la bonne nouvelle de leur réouverture au public (ce dont nous nous félicitons et nous réjouissons pour eux), aucune indication, aucune perspective n’a été évoquée pour le secteur des arts de la scène. De cet assourdissant silence, nous dont le spectacle est la profession avons dû déduire que le monde culturel ne fait pas partie des priorités des différents niveaux de gouvernement de notre pays.   

Je ne conteste pas en soi le bien-fondé des décisions de fermeture des lieux culturels qui ont été prises, mais je vous demande, pour toutes les personnes qui font vivre notre secteur et pour notre public, d’être pris en compte lors de la prise de décisions et de recevoir de votre part des perspectives claires quant à notre reprise d’activité, en termes d’échéances et de protocoles à suivre.

C’est le manque violent de considération qui me frappe.  

Il est désobligeant pour un secteur aussi actif que le nôtre d’être ainsi invisibilisé, passé sous silence dans votre communication et, par voie de conséquence dans les médias, et laissé sans perspective concrète quant à la date et aux modalités de la reprise possible de ses activités.

Un opéra, une pièce de théâtre, un concert, une sortie de film ne se préparent pas du jour au lendemain. Plusieurs semaines de répétitions, de préparation, de travail sont nécessaires en amont pour qu’ils puissent voir le jour ; y contribuent en outre des travailleurs recouvrant des spécialités extrêmement diverses. Tous autant qu’ils sont, artistes, musiciens, techniciens ou autres, sont pour l’instant laissés dans l’expectative, d’incertitudes en annulations successives. Sans même parler du public, passionné de culture et désireux de retrouver le chemin des salles, dont la discipline et le respect des règles ces derniers mois fut exemplaire.

Vous n’ignorez pas que l’industrie culturelle représente 5% du PIB de la Belgique, que le secteur culturel emploie directement des milliers de travailleurs et que les lieux culturels ont des retombées positives pour le pays : véhicule d’intégration et moteur de la démocratie bien sûr, la Culture a également des effets très concrets sur notre tissu économique et sociétal.

Monsieur le Premier Ministre, la Culture est la protéine de la démocratie et la vitamine du cerveau.

À ce titre, elle mérite le respect, comme tous ceux qui la font vivre.

Veuillez recevoir, Monsieur le Premier Ministre, le sentiment de mon plus grand respect

 

Stefano Mazzonis di Pralafera,

Directeur général et artistique de l’Opéra Royal de Wallonie-Liège.