1820-2020 : l’Opéra fête son Bicentenaire ! En attendant que la teneur de cet événement exceptionnel ne soit dévoilée, l’Opéra vous invite à retracer ses 200 ans d’histoire. Chaque semaine, un épisode vous fera voyager dans le temps.
Coups de cœur liégeois
Depuis son inauguration jusqu’à peu près son premier lifting dans les années 1860, la salle du Théâtre Royal résonne au son de l’opéra-comique. C’est en 1863 qu’elle accueille, pour la première fois, un nouveau genre avec les opéras-féeries. Les Liégeois sont conquis ! Ils adorent ces spectacles enchanteurs mais, malheureusement, ce ne sera que de courte durée car leur programmation disparaît dès le début du XXe siècle pour être remplacée par d’autres types de répertoire. À l’instar de ces furtifs et pourtant bien appréciés opéras-féeries, d’autres par contre ne quitteront jamais l’affiche. Mais quels sont ces opéras qui font vibrer le cœur des Liégeois ?
Mais que sont au juste ces “féeries” ?

L’opéra-féerie a le pouvoir d’emporter le public dans un monde fantastique où tout n’est que luxe et splendeur. Portée par la magie de la danse et de la musique dans un univers surnaturel, les mises en scène se veulent grandioses et la beauté des costumes et des décors termine d’émerveiller les spectateurs. C’est ainsi qu’au cours de la saison 1863-64, le Théâtre Royal inaugure la tradition des féeries avec Les Bibelots du Diable de Théodore Cogniard. Les débuts de ce nouveau genre sont quelque peu disparates. Cependant, à partir de 1880, presque toutes les saisons affichent leur lot de féeries jusqu’en 1905 ! Ces productions ont un grand succès et, dans son livre Le roman de ma maison, l’auteur Georges Rem écrit même :
La saison du Théâtre Royal débutait par un mois de féerie à grand spectacle. On y donnait Le Tour du monde en 80 jours, Le Voyage de Suzette. Dans Le Tour du monde, figurait un véritable éléphant qui attendait l’instant d’entrer en scène pour remplir une manne de ses « petits » besoins.


Et quel est cet autre coup de cœur ?
Alors que les féeries font battre le cœur des Liégeois pour disparaître malheureusement quelques décennies plus tard, c’est un titre cette fois qui fait palpiter le cœur des spectateurs du Théâtre Royal depuis 1876. Bizet entre sur la scène liégeoise avec un chef-d’œuvre qui deviendra au fil du temps un des opéras les plus populaires de la Cité ardente : Carmen. Le titre est quasi programmé au Théâtre Royal chaque saison entre 1891 et 1957, à l’une ou l’autre exception près ! Si Carmen est une des œuvres les plus jouées à travers le monde, elle l’est aussi à Liège, à l’affiche de presque 90 saisons depuis 1876. Mais pourquoi ce titre plaît-il autant aux Liégeois ?

Cet opéra-comique offre une musique inoubliable notamment avec la célébrissime “Habanera”. Mais est-ce pour cela que Carmen est si populaire à Liège ? Au-delà de l’écriture, l’œuvre inspire un monde où la soif de liberté prime et s’exprime dans une énergie communicatrice. Ne reconnaîtrions-nous pas ici Liège, ville énergique et éprise de liberté ?
Rendez-vous la semaine prochaine pour découvrir comment l’Opéra traverse le changement de siècle ainsi que toutes ses péripéties au cours de cette période charnière.
