1820-2020 : l’Opéra fête son Bicentenaire ! En attendant que la teneur de cet événement exceptionnel ne soit dévoilée, l’Opéra vous invite à retracer ses 200 ans d’histoire. Chaque semaine, un épisode vous fera voyager dans le temps.
Un nouveau souffle sur l’Opéra après l’étouffement de la Première Guerre mondiale
Depuis ses débuts, chaque décennie ou presque, le Théâtre Royal est magnifié : embellissements et transformations tant intérieurs qu’extérieurs ou encore avancées techniques, comme l’installation de l’éclairage électrique, en 1887, et celle du somptueux lustre signé Oscar Berchmans, en 1903. Si la Première Guerre mondiale ralentit quelque peu l’activité de la maison liégeoise et laisse des traces, un vent de fraîcheur et de nouveauté commence à souffler dès 1919 : un peu de faste et de réjouissance…
Ornement et parure
Maison de spectacles et de divertissement, le Théâtre Royal se voit obligé de mettre ses saisons entre parenthèses durant la Première Guerre mondiale, réquisitionné par les soldats allemands qui s’en servent pour loger les troupes et stocker du matériel. Même si quelques représentations y ont lieu, elles ne sont que ponctuelles et réservées aux soldats. Au lendemain de la guerre, les lieux sont dans un état déplorable mais, petit à petit, les spectacles reprennent. Ce sont surtout des galas de bienfaisance qui sont organisés pour venir en aide aux plus démunis.
Avant que le Théâtre rouvre ses portes à l’automne 1919, il doit se parer de ses plus beaux atours pour les fêtes de l’Armistice et la remise de la Légion d’honneur à la Ville de Liège par Raymond Poincarré, président français de l’époque.

Les célébrations prennent place du 23 au 27 juillet et sont l’occasion pour chacun d’admirer, entre autres, l’impressionnante nouvelle coiffe du Théâtre, réalisée par deux membres de la famille Berchmans, Oscar et Jules. Ces embellissements provisoires garnissent le Théâtre d’un fronton décoré de nombreuses figures en mouvement avec, à son sommet, une statue de grande taille qui représente une jeune femme drapée, debout sur un globe et entourée de deux enfants. Aux extrémités de ce triangle, deux miniatures similaires prennent place. Réalisé en plâtre, le tout sera démonté en 1921.

Chaque grand événement est l’occasion pour le Théâtre Royal de faire sa petite cure de jouvence ! Si 1930 signe le centenaire de l’indépendance de la Belgique et marque l’année de l’Exposition internationale de Liège, c’est également l’occasion, pour les Liégeois, de découvrir tant la triste mine de leur Théâtre sans son enduit et sans sa peinture blanche, que le visage d’une façade composée d’éléments uniformes. Outre cette infortune, la décoration de la façade est cependant rehaussée d’un grand fronton signé Oscar Berchmans.
Les dimensions impressionnantes de cette réalisation (3,3 mètres sur 17,5 mètres) semblent faire s’envoler le Théâtre vers d’autres cieux. À cette occasion, le sculpteur collabore avec son élève Madeleine Schoofs, et présente une composition aux tendances stylistiques proches du classicisme, influencées par le cubisme et sa géométrisation. De ce relief se dégage trois figures monumentales taillées dans la pierre blanche d’Euville [1]. Mais le nouveau souffle de l’entre-deux-guerres ne se fait pas uniquement sentir à l’extérieur du bâtiment !
[1] Pour en savoir plus sur ces trois figures, retour à l’épisode 3.
L’Opérette : un peu, beaucoup, passionnément…
Alors que l’engouement pour les féeries à la fin du XIXe siècle s’est essoufflé, l’opérette devient la vedette de la programmation et occupe le haut de l’affiche. La saison 1927-28 présente pas moins de 20 opérettes sur les 56 titres qui sont à l’affiche, soit 5 fois plus que la saison précédente. Succès fulgurant !

La cadence est telle que ces opérettes sont jouées tous les lundis, les samedis et parfois même les dimanches en matinée. Ainsi, au cours de l’entre-deux-guerres, 37 nouveaux titres prennent place dans la programmation du Théâtre Royal, pour le plus grand plaisir des Liégeois qui découvrent alors, entre autres, Le Chant du désert, La Comtesse Maritza ou encore La Chaste Suzanne. Mais ce sont surtout les œuvres de Franz Lehár qui remportent le plus grand succès sur la scène liégeoise avec notamment Le Pays du sourire et La Veuve joyeuse.
La semaine prochaine, découvrez comment l’opérette se fraye un chemin parmi les autres genres et les événements historiques à venir!
