Spectacle

Focus sur "La Sonnambula" de Bellini

Si l’histoire un brin naïve de La Sonnambula s’apparente davantage à un aimable conte au ton léger, ses mélodies au côté mélancolique sont d’une virtuosité intense, d’une légèreté songeuse qui enveloppent et transportent. Placé par Stravinsky au rang de leader mondial incontesté de la mélodie, Bellini séduit, subjugue, ravit, fascine et parvient avec son huitième opéra à susciter des moments quasi hypnotiques entre le public, la musique et les voix.

Rivalités de théâtres

Alors que Bellini vient de rencontrer le succès avec I Capuleti e i Montecchi à Venise en 1830 et est sur le point d’entamer sa prochaine œuvre, Milan frappe à la porte : le « tout jeune » Teatro Carcano veut jouer dans la même cour que La « grande » Scala.

Il s’en donne les moyens puisqu’il décide, pour lancer sa saison, de commander deux nouveaux opéras à deux jeunes compositeurs italiens des plus prometteurs, Donizetti et Bellini, et d’engager une équipe d’artistes de renom, Giuditta Pasta, Giovanni Battista Rubini et Filippo Galli. Excusez du peu…

Dans un premier temps, le choix de Bellini et de son librettiste Romani se porte sur Hernani, inspiré du drame éponyme d’Hugo mais le compositeur s’en détourne rapidement souhaitant éviter d’éventuelles complications avec la censure mais peut-être aussi pour s’assurer de se démarquer de son collègue Donizetti qui vient de connaître un succès retentissant avec son Anna Bolena.

C’est ainsi que début 1831, Bellini arrête son choix sur un sujet tiré d’un ballet présenté trois ans auparavant à l’Opéra de Paris : La Somnambule, dont le synopsis est écrit par un certain Scribe. Le thème central de l’œuvre est clair : le somnambulisme (thème en vogue auprès des auteurs romantiques, tout comme la folie et ses nombreuses représentations dans les opéras italiens de l’époque).

Une musique de l’âme

Epinglé par Stravinsky comme le « leader mondial incontestable de la mélodie », Bellini fait la part au chant, au bel canto, comme un trait d’union entre la mélodie et le mot. Et Wagner d’ajouter que : « Bellini est l’un de mes compositeurs préférés car sa musique témoigne d’une inspiration forte, et elle est toujours intiment liée aux paroles. ».

Avec La Sonnambula, Bellini signe une certaine musique de l’âme. Rien n’est plus important pour le compositeur que l’âme. Lorsqu’on lui affirme qu’il y avait de l’âme dans La Sonnambula, il répond tout ému : « De l’âme ! C’est ce que je veux… De l’âme ! …. Merci ! C’est que l’âme c’est toute la musique ! ». C’est d’ailleurs grâce à Amina, son personnage féminin central, que Bellini explore cette thématique. Amina ou Anima ? Le doute plane…